En tant que formatrice, on me sert souvent cette phrase lorsque j’anime l’atelier « gestion du stress » face à des managers : « C’est normal d’être stressé, surtout quand on a des responsabilités ». Stop. Non, ce n’est pas normal, et continuer à l’accepter, c’est comme rouler avec un témoin d’alerte allumé : tôt ou tard, ça coince, on tombe en panne. Le stress au travail n’est pas une fatalité, juste un simple signal à considérer.
J’ai envie de vous parler de Julien
Julien, c’est un homme que tout le monde apprécie. Directeur de projet dans une grande entreprise tech, il aime ce qu’il fait, est jovial, toujours partant pour de nouveaux projets (il a besoin d’être stimulé et redoute l’ennui plus que tout). Il n’hésite pas à épauler les collègues qui ont besoin de se confier entre deux réunions.
Julien avait tout pour réussir : un salaire confortable, une équipe compétente, une certaine autonomie dans son travail et des missions qui le challengent comme il faut. Mais la pression était constante : deadlines ultra serrées, réunions à la pelle, sollicitations à toute heure. Rapidement, il a commencé à dormir 5 heures par nuit, à avoir des migraines, et à ressentir une perte d’efficacité flagrante.
En moins de six mois, tout a basculé et Julien a failli craquer : oublis de dossiers, irritation avec son équipe, anxiété permanente. L’alerte est claire : son corps et son cerveau lui disaient que ça ne pouvait plus continuer ainsi. Il a démissionné. Parce qu’il ressentait beaucoup de culpabilité de ne plus être « assez », il n’a pas eu la force psychique d’atténuer les tensions et de réengager son équipe. Il s’est dit que c’était trop tard et qu’il valait mieux repartir de zéro ailleurs.
Il part « mal » de son entreprise, il perd son antériorité, sa confiance s’est détériorée. C’est du pur gâchis.
Le stress : ce que le grand public ignore
Le stress au travail n’est pas qu’une question de fatigue ou de charge de travail plus ou moins ponctuelle : il a des impacts profonds et mesurables :
- Santé physique : selon l’INRS, le stress chronique augmente le risque de maladies cardiovasculaires et de troubles musculo squelettiques.
- Santé mentale : l’OMS estime que le stress prolongé au travail contribue directement à l’anxiété et à la dépression, touchant près de 1 employé sur 4 en Europe.
- Performance et engagement : Gallup montre que les équipes avec des managers ou collègues stressés ont 20 % de performance en moins et un taux de turnover bien plus élevé.
Bref : le stress n’est pas une décoration naturelle du bureau, c’est un signal rouge qu’il faut savoir interpréter.
Transformer le stress en allié
Le stress peut être utile… s’il est écouté et géré correctement. Voici quelques étapes concrètes pour commencer à l’utiliser comme signal d’alerte constructif :
- Identifier vos déclencheurs : tâches, relations, environnement sonore… notez ce qui fait battre votre cœur plus vite.
- Se donner un mini-répit : respiration, marche de 5 minutes, micro-pauses. Ces gestes simples ont un impact direct sur votre concentration et votre humeur (éviter de scroller).
- Mettre des priorités claires : tout ce qui n’est pas urgent n’a pas besoin de votre énergie maintenant (pas besoin de l’avoir en visu sur votre « To do »). Le stress aime l’imprévu, le maîtriser commence par l’organisation.
- Partager et demander du soutien : parler de son stress avec un collègue, un manager ou un coach permet de prendre du recul et d’éviter l’isolement (effet soupape de décompression assuré).
- Se former et s’équiper : des formations comme ma formation gestion du stress ou le webinar-lunch sur la charge mentale donnent des outils pour transformer le stress en moteur plutôt qu’en frein.
Écouter simplement le signal
Vous pouvez agir immédiatement. La première étape consiste simplement à reconnaître que votre stress est un messager, pas un adversaire. Notez vos moments de tension dans la journée, observez votre corps, votre respiration, votre niveau d’énergie. Ce petit geste simple est le début d’une transformation qui peut changer votre rapport au travail.
En conclusion
Le stress au travail n’est pas normal, mais il est utile… si vous savez l’écouter. Il permet de mieux se connaître. Ignorer les signaux ne fait qu’accélérer l’épuisement. Les RH et managers ont tout intérêt à accompagner leurs équipes pour transformer ce stress latent en levier de performance, via des formations concrètes et humaines.
Parce qu’après tout, un signal rouge n’est pas un arrêt, c’est une invitation à agir.
